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12 mars 2008

Obama, Clinton, Mc Cain: mascarades et marketing.

Non, ce n'est pas le tiercé dans l'odre. Mais le combat qui se passe entre ses trois candidats illustre bien la direction que doit prendre le marketing des entreprises. Arriver sur un marché fort de son passé et de sa notoriété, comme Madame Clinton, n' affranchira pas une entreprise de l'obligation de rencontrer les passions et les frutrations des gens en gardant une certaine cohérence dans son récit. Parce qu'en plus, effectivement, il faudra que les entreprises aient un récit et plus une simple promesse de vente. Ce qu'Obama offre, c'est cela, une belle histoire, un réinvention du rêve Américain à laquelle les Américains semblent aspirer (Même ceux que j'associe aux cockers dans une autre chronique). Et il fait une tournée sur le sujet. Les entreprises et leurs marques devront également partir en tournée. C'est le prix du 360° utile. Le 360°, c'est la méthode à laquelle aspire les gens du marketing pour encercler le consommateur en différentes lieux et moments afin de le séduire.

Tout cela nécessite une belle cohérence (on abordera l'éthique après): on peut adapter le show mais il faut respecter ce qu'on a mis à l'affiche. Madame Clinton a sans doute trop écouté son mari. Hélas les temps ont changé. Madame Clinton est passée trop vite à la défensive , à la recherche d'avantages concurrentiels par rapport à son rival Obama au-lieu de se concentrer sur les frustrations, les passions, les attentes, les désirs et les besoins du public. Elle s'en est rendue compte un peu tard, mais elle découvre qu'en chargeant son discours d'émotion et d'humanité, elle regagne les coeurs. Où cela mènera-t-il ? Ils sont en train de faire le lit de leur concurrent et ils seront trop attachés à leur égo pour jouer ensemble un ticket gagnant. Ce genre d'approche n'est pas idiot pour autant qu'il y ait complémentarité. Dans le monde des entreprises, Philips l'illustre bien. Son statut de multinationale et l'ego de ses managers n'ont pas à se plaindre des actions et des produits qu'ils développent conjointement avec d'autres marques: avec Nivéa pour leur rasoir, avec les torréfacteurs pour Senseo, etc. Les résultats le prouvent, ces partenariats sont des tickets gagnants. En ne saisissant pas cette opportunité, nos démocrates américains ouvrent une voie impériale à Mc Cain. Dommage.

Ce qui risque de les perdre tous, Mac Cain et nous avec, c'est la mascarade à laquelle toute cette tournée éléctorale donne lieu. Que racontent-ils de différents ? Quelle idéologie ont-ils? Quel idéal poursuivent-ils? Il se voilent derrière les masques de la pensée unique qui lisse l'opinion, lessive le libre-arbitre et étouffe toute dissidence. A force de tout miser au centre, comment prendre de l'envergure ? La plus grande puissance du monde ne donne pas vraiment les ingrédients qui pourraient rendre à nos démocraties la vitalité qui leur sied. Ces mascarades politiques n'ont rien à envier aux mascarades marketing des marques qui émanent d'entreprises qui considèrent le consommateur comme une proie qu'il convient de presser et d'exploiter au maximum. Les deux gagnent des voix et de l'argent. De mauvaises voix et du mauvais argent. Des voix volatiles comme celles de Sarko qui s'envolent aussi vite qu'évoluent les chiffres de l'audimat. De l'argent facile qui ne préfigure pas des résultats à venir. 9 % des entreprises performent mieux que la moyenne de leur industrie sur 10 ans. Cela fait beaucoup de mauvais élèves, non? Et si leurs mauvais bulletins reflètaient leurs tricheries. Demain, tout porte à croire que le meilleur indicateur de rentabilité croissante et durable sera la qualité de la relation entretenue avec leur public et leur personnel. Sur ce terrain, les politiques ont aussi du travail. Patrick

02 mars 2008

Les cockers , les fascistes et une pensée émue pour Bush.

Le dillettante a édité un petit roman de Cyril Montana, La faute à Mick Jagger. Outre les 40 ans de 1968, le lire est un plaisir savoureux. Je ne résiste pas à la tentation de deux petits extraits.

Le premier sur les Cockers qui nous renvoit un peu à ce coeur de l'Amérique profonde qui a élu Georges Bush. "Il paraît qu'à force de se reproduire entre eux les cockers sont devenus les chiens les plus cons de la planète. La consanguinité ça fait des dégâts, ce doit être comme les Berrichons ou les Texans, et tous ceux qui vivent au milieu d'un pays. Les uns sur les autres avec les mêmes idées qui baisent entre eux. Sans mouvement, sans nouvelles têtes. C'est ça le terreau du fascisme. Les cockers sont des fascistes qui s'ignorent."

L'autre extrait est une conversation entre un jeune fils et le père atteint d'une maladie incurable à force d'injections nocives. "Mais qu'es-ce qui m'arrive Papa, est-ce que je suis fou, dis. Et ce dernier de lui répondre. Tant que tu te poses la question ça va, car il n'y a que les fous qui ne se rendent pas compte qu'ils le sont." Je ne pense pas que Bush doive se poser beaucoup de questions de ce type. Ce qui est fou pour lui, c'est la perspective d'un noir ou d'une femme à la présidence.


10 février 2008

Bizarre

Je reçois rarement des briefings de MM , mais là on m’avait demandé un papier sur la curiosité et une semaine plus tard on me demande de me taire. Serais-je trop curieux ? Serait-il trop curieux de demander à un curieux de parler de curiosité. ? Encore faudrait-il savoir de quelle curiosité on voulait me faire parler. Un seul mot en français couvre quatre sens différents en flamand: nieuwsgierigheid (l’envie de savoir, de découvrir du neuf); leergierigheid (l’envie d’apprendre); bezienswaardigheid (quelque chose ou quelqu’un qui vaut le détour, qui mérite une visite) et enfin il y a “de rariteit”, l’objet curieux qu’on recherche, les curiosités à découvrir. Quand on vous dit que le Flamand est plus riche que le francophone, la sémantique ne peut que le confirmer. Comment un francophone peut-il rassembler autant de sens en un seul mot ? Comment ne réalise-t-il pas que cette limitation du langage ne peut-être que source de malentendus ?

La curiosité malsaine, par exemple, est-elle le fait d’un objet rare et infectieux ou n’est-ce qu’une envie de savoir les petits secrets du voisin pour les trahir ? La curiosité malsaine est-elle la découverte en Allemagne d’un petit film pour une chaîne de magasins de télécoms qui va inspirer d’autres créatifs pour faire bien mieux et beaucoup plus fin pour Proximus ? Tellement mieux et tellement fin que la curiosité publicitaire allemande (ce petit film) a donné lieu à une curiosité publicitaire belge (un autre film, mais grand, cette fois)) dont les jurys internationaux ont estimé qu’elle valait le détour. Curieux, non ? Et tout cela, je le tiens d’un publicitaire curieux, et sans doute un peu jaloux, qui me l’a rapporté. Comme je suis curieux de tout, je l’ai écouté. C’est lui qui a découvert la curiosité allemande. Est-ce une curiosité malsaine de sa part ?

On s’en fout en fait. Parce que l’agence qui a produit cette belle curiosité reconnue internationalement a décidé de ne plus vouloir participer dans un seul concours publicitaire.
Bravo Paul, tu as eu ton dernier Award au Merit Awards. Et cela, c’est vraiment curieux.
Comment une agence créative qui a profité des awards pour bâtir sa réputation et attirer le talent peut-elle y renoncer ? Elle n’a peut-être plus besoin de talent, elle en a assez. Et le talent, ça compte pour rien. Ce qui compte c’est sa sueur: inspirer, transpirer, inspirer, transpirer...

Le créatif de talent étant attiré par les prix que gagne une agence comme une mouche est attirée par la merde, les prix ont eu leur effet, maintenant cette agence devra le garder (Ne détournez pas ce que je viens d’écrire, je dis bien que ce sont les mouches qui sont attirées par la merde, pas les créatifs). Et pour garder ce talent et continuer à le faire suer, à mon avis, ce ne sera pas une affaire de prix mais une affaire de culture d’entreprise. Une culture qui vient du sentiment de participer à quelque chose d’unique. Et ce qu’ils viennent de faire, aussi curieux que cela puisse paraître, c’est unique. Ils ont tué une vache sacrée.

C’est comme dans les détergents. Les fabricants sont restés des années engoncés dans de vieilles habitudes. Leurs vaches sacrées consistaient à dire qu’il n’y avait pas d’avenir pour un détergent qui ne serait pas soit en poudre soit liquide. Encore moins s’il prétend faire autre chose qu’enlever les salissures des vêtements. Et enfin il était souhaitable que le détergent ait une odeur une peu chimique ou clinique ou fraîche mais rien d’autre. Last but not least, le détergent devait être puissant. Ces règles ont sévi pendant près de trente ans dans le secteur. C’étaient leurs vaches sacrées. Heureusement, ils les tuent petit à petit. Le détergent, aujourd’hui, assouplit, parfume et enlève les odeurs. Tide a lancé aux USA des détergents avec des huiles relaxantes, Henkel se lance dans l’aromathérapie. Il faut savoir tuer les vaches sacrées et applaudir ceux qui s’y risquent. Je dis donc bravo.

Rien que pour cela je trouve qu’ils auraient encore mérité le prix d’agence la plus créative. Pourquoi se faire juger par ses pairs (et impairs), curieux et jaloux alors que les prix, c’est dans la rue et sur la toile qu’il faut les gagner en suscitant de l’adhésion du public à la marque au lieu de faire un peu de tout et beaucoup de n’importe quoi sous prétexte que cela fasse du bruit.

Faire du bruit. C’est la dernière curiosité du secteur: le buzz. C’est curieux, le mot rappelle le bruit des mouches. Et pourtant, il n’y a rien de neuf là-dedans. Le bouche-à-oreille a toujours été le meilleur media. Mais cela demande plus que de l’essaimage comme le mot buzz le suggère. J’ai retrouvé des études d’il y a une vingtaine d’année où le consommateur disait déjà qu’il ne croyait pas trop à la pub mais plutôt à l’avis d’un ami, d’un proche. Rien de neuf sous le soleil. L’avis d’un ami, c’est plus que du bruit.

A l’époque, il est vrai, il n’y avait pas de media personnel. Il y avait les media de masse et le marketing direct. Aujourd’hui, il y a ce PC et le GSM face auxquels on est seul, connecté à ce qui nous plaît dans le monde, c’est le media personnel. Mais ce qui plaît dans le monde, c’est dans la rue qu’on a la preuve que c’est vraiment plaisant. Pourquoi est-ce que RTL info marche si fort ? Parce que c’est RTL et qu’on en parle sur RTL. Bien sûr, l’iPhone a été lancé sans pub. Mais sans l’écho qu’il a reçu dans les media de masse, il n’aurait pas le succès qu’il a. Et sans les campagnes qui ont fait la renommée de Apple et de l’iPod, non plus. On doit tuer les vaches sacrées mais ne pas oublier que les individus ont besoin de repères. Les blogueurs se réunissent en live et c’est là que l’esprit de communauté s’installe.

Il me reste une autre curiosité pour terminer : ni le monde des agences (ACC), ni le monde des annonceurs (UBA) ne s’émeut de la possibilité d’une interdiction de la pub sur la RTBF. Pourquoi ? Parce que leurs responsables d’association ne lisent que la presse flamande, sans doute. Je ne vois pas d’autre raison. C’est curieux pour des associations belges

27 janvier 2008

En vente en tissu, carte postale ou auto-collant sur le site de J. de Selliers et chez Plezier.

28 octobre 2007

Bruxelles, label.

Rudy Aernoudt était à la tribune de la BMMA le 26 octobre. Il venait nous parler du marketing de la S.A. Belgique et répondre à la question que je lui posais en introduction : « quand l’aéroport d’Anvers s’appelle Brussels North et celui de Charleroi, Brussels South, ne doit-on pas se rendre à l’évidence que Bruxelles soit la plus belle marque que la SA Belgique ait dans son portefeuille ? »

La réponse était limpide. Brand Channel, nous a-t-il rapporté, a effectué une étude sur la valeur qu’auraient des villes ou régions en tant que marques. La valeur de la Wallonie et de la Flandres étaient identiques. N’en déplaisent à ceux qui persistent à penser que l’une est plus riche que l’autre, que l’une finance l’autre, que l’une bosse et que l’autre profite, les deux régions valaient 0$. Zéro. Bruxelles, quant à elle, est estimée à 540 milliards de dollars. C’est, nous dit Rudy, deux fois la dette publique. Les états de Virginie et du Maryland, deux états indépendants aux USA, emploient tous les deux, « greater Washington » comme carte de visite pour se promouvoir à l’extérieur. Pourquoi la Flandres et La Wallonie ne s’entendraient-elles pas pour ne promouvoir que Greater Brussels ?

Lors du voyage en Chine avec la délégation princière, Rudy Aernoudt raconte qu’il voit arriver un chinois essoufflé qui lui demande s’il ne sait pas où à lieu la présentation sur la Belgique. Il l’ a rassuré, il était au bon endroit même si tous les panneaux n’indiquaient que Brussels, Wallonia ou Flanders. De Belgique , il n’y avait que la Prince Philippe et la Princesse Mathilde. Pourquoi ne pas unifier nos énergies derrière une seule marque ? En terme de commerce extérieur, pourquoi ne pas suivre le simple adage qui dit « put the money where the business is ». Mais qui gèrera cette marque ? 36 ministres ? Autant l’oublier.

L’idée est trop simple, trop évidente. Soyons sérieux, ne mélangeons pas marketing et politique. Une étude de marché, commanditée par le politique, va démontrer que le Lion Flamand apparaît comme trop agressif aux investisseurs étrangers. Le gouvernement flamand l’ a donc soumis à une opération de chirurgie esthétique réduisant les griffes et les crocs. Je n’ai jamais vu un conducteur de Peugeot se plaindre du « Lion qui sort ses griffes » ni un utilisateur d’huile de moteur Esso se plaindre tu tigre qu’il mettait dans son moteur. Mais que voulez-vous, en politique, seul un bureau d’étude ne saurait mentir. Ils font la pluie et le beau temps chez les maximiseurs de voix que sont les hommes politiques.

Rudi Aernoudt s’est d’ailleurs inquiété auprès de l’ombudsman des pratiques de Fientje Moerman, la ministre flamande de l’économie, qui payait des honoraires de plus de 60000 euro/an (ce sont des montants qui nous réjouiraient, je sais) à un consultant (bureau d’études) pour défendre son image auprès des leaders de l’open VLD. Résultat des courses : ils ont tous les deux sans emploi.

Le rapport d’audit de l’administration flamande sur le département et la gestion de Monsieur Aernoudt épinglait qu’il avait des frais de carburants trop élevés. L'ubiquité consomme. Pour l'administration c'était une façon de dire qu’un fonctionnaire doit fonctionner et pas circuler pour répandre des paroles de trublions. Eric Van Rompuy lui reprochera une opération de team building menée avec son équipe. Ila estimé le coût à 190€ par personnes impliquées dans ce team building. Ils étaient 140. En pourcentage annuel de la masse salariale ce sont des petits investissements qui peuvent rapporter gros. On a démontré que les entreprises où régnait la confiance offraient des ROI trois fois supérieurs à leurs actionnaires. Le team building y est monnaie courante. Mais est-il bon d’inspirer confiance à des fonctionnaires ? Serait-ce politiquement incorrect ? Non, faisons des études et des audits et tenons les fonctionnaires en laisse.

Je ne connais pas Fientje Moerman et encore moins Monsieur Van Rompuy mais j’aime bien Rudy Aernoudt. On me dira que je manque d’objectivité parce qu’il était dans le jury qui a élu mon livre comme livre de management de l’année. Tant pis.

L’homme est vif et identifie sans détour et sans pommade les problèmes qui coincent. Avec la même aisance, il suggère les solutions créatives et pleines de bon sens qui s’imposent. Il les exprime en plus. En Flandres , cela lui a coûté son job. Il y a dénoncé la Herculestichting présidée par Monsieur Leterme, si je ne m’abuse, qui est une fondation dont la fonction principale est de pouvoir y nommer des amis politiques qui ne trouvent plus de places dans nos administrations et cabinets pléthoriques. - Dans le sud , il dénonce le parti socialiste dont deux tiers des électeurs sont au chômage ce qui en fait son fonds de commerce. Croire que de tels fondements peuvent être garant de leur capacité à découvrir les leviers de la croissance est un rêve pour le moins osé. Rudy Demotte essaie. Laissons-lui ce mérite.

Rudy Aernoudt est-il omniscient ? Non. Mais il n’est certainement dépourvu ni de bon sens ni d’ardeur pour le promouvoir. En attendant, nous sommes à la fois les employés et les actionnaires de la SA Belgique et nous laissons éroder notre plus belle marque. Lentement mais sûrement. Quel gâchis.


09 octobre 2007

Oui, la Belgique marche

De la marche blanche à celle de Joe, le peuple belge se mobilise alors que ses représentants politiques semblent prendre un malin plaisir à le diviser. Un philosophe se demandait, dans les pages du Soir, pourquoi les Belges se rassemblaient-ils autour de cercueils ? Il évoquait ceux de Julie et Melissa, d'Ann et Eefje, de Joe, du roi Baudouin, etc. Il n'avait pas de réponse. Moi non plus. Juste un point de vue à partager. Parce que la dernière réunion se fera peut-être à l'enterrement de notre pays. La Belgique reste un état, en mauvais état certes, mais un état, pas une nation. Pays confiné dans des frontières imposées par l'extérieur, son peuple, au gré du temps, s'est forgé la volonté d'en faire un havre de paix et de démocratie. Ce qui ne lui réussit pas trop mal. Je ne vais pas refaire notre histoire, la mienne me suffit. Né de mère Wallonne et de père flamand, quand j'étudiais à Anvers on me traitait de « fransquillon » et de retour en Wallonie on me traita de « flamin ». Je vous épargne les qualificatifs qui accompagnaient ces étiquettes, ils n'étaient pas propres. Je me sens belge sang pour sang, comme le chanterait Johnny. Sale pour sale, chanteront les extrémistes. Avec des gênes aussi variées et des gènes aussi bilingues, on pourrait me soupçonner de voir mon pays autrement. Admettons. Mais je ne dois pas être le seul à constater que les habitudes et attitudes de vie rapprochent plus les Liégeois des Anversois que des Gantois et qu'il en aille de même pour les Gantois et les Namurois par rapport au Liégeois. Ce phénomène observable n'est pas sans rappeler une principauté de Liège qui comptait plus de communes flamandes que wallonnes au XVIè siècle. Dans 12 des 22 bonnes villes de la principauté, de Tongres à Saint Trond, on parlait flamand. Cela date d'avant l'imposition de frontières belgo belges. Aujourd'hui, ces frontières sont là et d'autres se sont érigées pour bien distinguer nos particularismes linguistiques et laisser aux politiques la liberté d'affûter la « langue » comme l'arme la plus redoutable pour maximiser les voix qu'ils récoltent aux élections. Une arme de peu de poids face à une globalisation qui les prive de plus en plus de l'exercice du pouvoir d'influencer le cours des choses. Sacrée globalisation, que de choses laisse-t-on faire en ton nom. Citons en trois : - Des biens de consommations de plus en plus sophistiqués, de moins en moins chers et de plus en plus accessibles. C'est une bonne nouvelle. - De l'exclusion et de la précarité, un autre produit de la globalisation. Un mal auquel accèdent de plus en plus de gens et qui coûte, par contre, de plus en plus cher comme en témoigne la racaille marginalisée qui tue pour s'en emparer. - Un culte absolu de la liberté de circulation des capitaux, des biens, des citoyens et des idées qui gomme les particularismes et crée la convergence en tout sauf sur la scène du pouvoir politique belge. Encore que. Au coeur de cette globalisation, la majorité des Belges jouit encore de ce qui n'est qu'un rêve pour nombre de citoyens de ce monde : une position payée, stable et protégée qui n'exige pas trop d'ardeur au travail et qui dure, parfois encore, toute une vie. Le tout dans un pays indéniablement démocratique et accueillant. Cela ne durera pas, nous le savons. Nous faisons la sourde oreille dans l'espoir de pouvoir jouer les prolongations. Cette situation est bien différente du pays des chantres de la globalisation que sont les Etats-Unis où chacun a dû se construire à la force du poignet, où rien n'est jamais acquis, où se battre pour un rêve, fut-il américain, est devenu une habitude bien ancrée, un « way of life » qui se transmet de génération en génération. Là-bas, tout le monde se bat pour sa propre autonomie quitte à exclure le voisin. En Europe, on compte sur l'autre. On valorise l'interdépendance. Et c'est magnifique. Les Indiens et les Chinois l'avouent, le modèle européen les inspire bien plus que le modèle américain parce qu'ils savent que tout est interdépendant. Les Belges l'ont su et en ont tiré les conclusions adéquates bien avant les autres. Puissent Leterme et consorts s'en souvenir. La Belgique est née précaire, mais s'est épanouie. Pays soumis à de multiples influences par nature, son sol est devenu nourricier d'une culture ouverte à l'altérité, au respect et à l'accomplissement. Et la Belgique marchera contre tout ce qui menace ces valeurs. La multi- culturalité est sans doute notre matière première la plus précieuse.


Le dessin est paru dans le quotidien holandais Parool, repris par Courrier international

©Patrick Willemarck, le 3/10 2007

05 juillet 2007

Heeft de Europese film aangebrande scènes als promotie nodig?

Wie op zoek gaat naar seks scènes, kan makkelijk op het internet of via betaalkanalen zijn gading vinden. Waarom heeft de Commissie dan gekozen voor een compilatie van pikante scènes uit de Europese cinema om deze te promoten? Met zo’n compilatie bespaar je alleszins kosten en zet je de beelden van de Europese producties helemaal in de kijker. So far so good, maar waarom dan zoveel seks? Omdat alles rond seks draait? Omdat seks mode en kunst inspireert ? Omdat seks aanstootgevend is (en blijft) ?

Wat ook de reden mag zijn, geen enkele lijkt me pertinent. Een idee wordt immers pas interessant wanneer ze mensen dwingt op een andere manier naar de dingen te kijken. En dat lukt maar wanneer een idee, een beeld hen raakt, hen interpelleert. Toen de elektrische tandenborstel in de 19de eeuw uitgevonden werd en aangeprezen werd als een tijdwinst, moest het publiek er niet van weten, uit angst om voor luierik versleten te worden. In het midden van de 20ste eeuw probeerde men het opnieuw, ditmaal als middel tegen tandplak en het succes was niet te stoppen.

Om maar te zeggen dat een idee slechts werkt wanneer het ons raakt, ons motiveert. Zo is sexualiteit ook maar een motor, een locomotief. Niet meer, maar ook niet minder. Als ik naar de Belgische prijsbeesten op het filmfestival van Cannes (Dardenne, Van Dormael) kijk, stel geen pertinente link met seks vast. Heeft de Europese Commissie dan niet goed gekeken? Of fungeert dit pikante filmpje enkel als magneet voor de andere promotiefilmpjes die zullen volgen? Ondanks het groot aantal hits op YouTube, hoop ik dat ze met hun volgende filmpjes een ander pad bewandelen.

En natuurlijk zijn de politieke reacties op dit filmpjes. Ze klinken misschien conservatief, dominant, weinig vrijdenkend, maar hier in het westen roepen we iets te gemakkelijk luid wat kan en niet kan. We lijken hen hun zoektocht naar vrijheid (waar ze zolang van verstoken zijn gebleven) niet te gunnen en bovendien ons model als enig zaligmakend naar voor te schuiven. En dat mag geen reden om alle Polen met de vinger te wijzen.
Trouwens, er zijn een aantal bijzonder interessante filmmakers in Oost-Europa, getuige het jongste palmares van het filmfestival van Cannes.
Hopelijk doet de Europese commissie ook snel beroep op dit nieuwe talent voor hun volgende lading promotiefilmpjes.

Patrick Willemarck


28 mai 2007

Mieux vaut naître vache que pauvre.

J’ai envie de vous parler d’Adam Smith. Ce n’est évidemment ni à un publicitaire, ni à un fabricant d’armes que je pense mais bien au très vieux fondateur de la pensée économique libérale et chantre de la division du travail.

En observant la fabrication des épingles, il avait découvert 18 opérations séquentielles qui permettaient à un artisan d’en fabriquer 20 par jour
à lui seul. En divisant les 18 opérations entre 10 personnes il parvint à en fabriquer 4800. La preuve était faite, la productivité passait par la division du travail. Henri Ford s’en inspirera pour son travail à la chaîne dont le but ultime n’était pas tant la fabrication de voiture que la création de consommateurs.

Charlie Chaplin démontrera non sans humour dans son film « Modern Times » que ces pauvres ouvriers condamnés à répéter la même tâche tous les jours devenaient de parfaits abrutis. Ils devenaient juste bons à reproduire l’acte demandé au boulot et à se reproduire à la maison. Il ne m’appartient pas de vous dénombrer les abrutis qui peuplent notre planète depuis lors. Ce qui m’intéresse c’est le sursaut de productivité que permet la division du travail, une division qui ne s’applique pas qu’au travail à la chaîne. Heureusement, nous serions tous des abrutis au volant d’une Ford T, noire.

Les fruits de la division du travail se trouvent tous les soirs sur votre table. Quand vous passez à table, à la maison, vous ne le devez pas à la générosité de Delhaize, ni à celle du cultivateur, du boucher, du brasseur ou du boulanger. Tous ces biens sont arrivés sur votre assiette parce que ses gens ont chacun très égoïstement veillé à leurs propres intérêts. « C’est en travaillant à son intérêt personnel que chacun finit par travailler de manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société que s’il avait réellement pour but d’y travailler. » C’est ce que nous dit Adam Smith. Il évoque à cet effet le concept d’une main invisible qui veille à ce que tous les efforts individuels participent à un équilibre optimal pour l’ensemble des acteurs de notre société.

Léon Walras, un autre économiste, précisera cette pensée : chaque acteur dans un marché recherche à maximiser ses intérêts. Et, en situation de concurrence parfaite, cela conduit à un équilibre optimal.
Hélas, la concurrence n’est pas parfaite et rend cet équilibre inaccessible. Il semble en effet, qu’il n’y ait pas d’équilibre qui satisfasse à la fois distributeur et consommateur, salarié et employeur, épargnant et prêteur, travail et capital. L’ambition d’arriver à cet équilibre mène le monde, malgré tout. Mais où ? Les maximiseurs d’intérêts particuliers n’ont pas empêché une vache européenne de recevoir 2 $ / jour de subsides alors que la banque mondiale définissait le seuil de pauvreté à un niveau de revenu équivalent. 2 $ chacun, y a-t-il un lien ? Je ne sais pas, mais il vaut mieux naître vache en Europe que pauvre dans le tiers-monde. Équilibre où es-tu ?

Nos métiers ne semblent pas rassembler les champions de l’équilibre non plus. Le consommateur dicte sa loi et la dictera de plus en plus. C’est pour cela que j’encourage les entreprises à développer une ‘valeur d’usage supérieure’ pour tous leurs stakeholders. Cette valeur unique qui vous rend plus utile que vos concurrents dans la vie quotidienne de vos stakeholders.

Vous pourriez, par exemple, vous inspirer de ce qui se fait dans le monde de la technologie où la plupart des innovations viennent des utilisateurs. La ‘user generated innovation’ est une tendance de fond selon la Stanford University. L’approche est très profitable tant que l’utilisateur en question a un intérêt personnel et important à ce que cette innovation se réalise. On en revient à Adam Smith. L’intérêt particulier prime sur la générosité.

Le consommateur lambda a tout pour être heureux. Quel intérêt aurait-il à vous aider à innover ? Aucun sauf si vous comprenez que ce consommateur gâté et omnipotent développe ses propres stratégies pour maximiser son bien-être. Cela a commencé quand il mettait une cravate dans l’espoir d’obtenir un crédit du banquier. Mais cela va bien plus loin. Aujourd’hui, des femmes actives se retrouvent régulièrement sur un blog (ladiesroom.skynetblogs.be) pour échanger des points de vue sur tous les produits, services, règlements et attitudes qui ne tiennent pas compte de la vie que mènent ces femmes. D’autres consommateurs se fédèrent pour acheter moins cher. D’autres se réunissent pour banquer sans banquier. Et je ne parle pas des start-up qui se demandent bien pourquoi elles auraient besoin d’une agence de pub. Il trouverait peut-être intéressant que vous l’aidiez dans le développement de ces stratégies.

Nos clients et les clients de nos clients ont des stratégies qui visent à maximiser leur bien-être. Et nous, nous nous contentons bien souvent de développer des stratégies qui restent « market-driven », en produisant un peu plus ou un peu mieux que le concurrent. Ce qui conduit à une surenchère qui érode les marges. La survie n’est pas fonction du concurrent. Elle est fonction de disruption avec la concurrence. Elle dépend de votre capacité à mener un marché : to drive a market.

Et cette capacité passe définitivement par la stratégie de vos clients. Alors, je vous invite à diviser le travail. Pourquoi ne pas confier à nos clients une partie de la tâche qui consiste à les satisfaire au-delà de toutes attentes ? C’est vache ? Pas forcément. Souvenez-vous du titre. Souvenez-vous du flatpacking ou de l’open-stock d’Ikea, c’était cela aussi : ils confient le montage et le transport des meubles aux clients. Ikea peut se concentrer sur le design plutôt que le montage et le transport, le client, quant à lui, a plus de choix et un prix plus attractif. Du win/win sans escalade de coûts. CQFD.
Patrick Willemarck pour Media Marketing

01 mai 2007

Gauche - droite, gauche - droite, gauche - droite...

A ce rythme on finit par marcher au pas. Les vieux clichés semblent condamner à disparaître en ces périodes électorales où des Bayrou et autres Milquet se mettent entre deux chaises pour récolter les mécontents du socialisme ou du libéralisme. Cette position ne fait que renforcer la polarisation. Ce faisant on oublie que le libéralisme, à l'origine, est un mouvement contestataire et donc bel et bien de gauche. C'est par abus de language et parfois par abus des tenants du titre qu'on a fini par étiqueter les partisans du libéralisme comme des conservateurs et les autres comme des gauchistes réformateurs ou rêveurs. Fondamentalement, aujourd'hui, qui peut encore oser prétendre qu'il faut être conservateur. Pour conserver notre planète, c'est du changement qu'il faut. Et la gauche a du boulot, paradoxalement. Que ce soit Elio Di Rupo ou Ségolène. Pour eux et leurs sympathisants je veux retenir ces mots de Jean Daniel dans le Nouvel Observateur du 26 avril: "On doit comprendre que pour la gauche les valeurs de solidarité dominent mais non éliminer les valeurs de compétition. Que la volonté de répartir les richesses doit être associée à l'obsession d'en créer. Qu'aucune dépense ne doit être promise qui ne soit compensée par l'annonce d'une recette équivalente..."
Ce que je crains, c'est que les voix qui se gagnent entre deux chaises soient celles d'électeurs que la politique laisse trop souvent entre deux chaises. Les voix des classes moyennes, des indépendants. Et ces gens là peuvent être la meilleure et la pire des choses parce qu'ils ont trop de soucis pour se péoccuper de la démocratie et de la politique. Ces gens là amènent des Bush au pouvoir. Ils pourraient bien y amener un Sarkozy dont Michel Onfray fait un portrait inquiètant dans la revue Philosophie:
"J'ai de la compassion pour un être qui se détourne autant de lui-même, qui déteste son enfance,, qui rit du projet de Socrate (connais-toi toi-même), qui veut toujours être dans un temps qui n'existe pas et qui, pour ce faire, piétine son présent avec la même ardeur qu'il foule son passé lointain; j'ai de la compassion pour cet individu qui voudrait tellement être aimé et, maladroit, se fait tellement détester; j'ai de la compassion pour cet homme blessé qui croit pouvoir panser ses plaies aves les fétiches de la puissance; j'ai de la compassion pour cet homme fragile qui surjoue tellement la force ; j'ai de la compassion pour cet homme qui n'échappera pas à lui-même : qu'il soit un jour président de la République ou qu'il ne le soit pas."
Et moi j'ai peur d'un homme qui dit "sans règles, pas de transgression. Donc pas de liberté..." Que mon fils le pense et le joue à 15 ans, c'est sain. A l'âge de Sarko, y aurait comme un souci que 30% des français ne voient pas. (A lire également, Courrier International et sa une sur Sarkoland). Mais voilà, cela me rappelle la question que me posait un de mes premiers patrons à propos de la pertinence d'une recommandation que nous faisions: "do you want to be right or president ?" Je n'y peux rien, mais des deux options, je garde une préférence pour celle de gauche. J'aime bien que ce soit juste. Mais il ne me déplaît pas non plus d'avoir raison, jusqu'à preuve du contraire ;o)

13 janvier 2007

Condamné à devenir intelligent.

Michel Serres est interviewé dans le dernier numéro de la revue Medias (N°11, 2006) . Il enseigne l'histoire des sciences à l'université de Stanford. Ses propos interpellent, évidemment. Il rappelle que du temps des philosophes de l'antiquité, la tradition était orale. Socrate n'a jamais rien écrit. Il parlait. Le livre n'existait pas. On connaissait Homère par coeur.
Les citoyens de ce monde avaient de la mémoire. Depuis l'apparition du livre et ensuite de l'ordinateur, du réseau et des moteurs de recherche, la mémoire sort de nos corps. Nous l'avons 'out-sourcée'. Et, d'après Michel Serres, il y aurait une corrélation dans l'histoire des sciences entre l'apparition des support externes que permettait l'imprimerie et l'essor de l'inventivité.
"On a inventé la science moderne parce qu'on n'avait plus besoin de cette mémoire encombrante. Lorsque Montaigne dit: "je préfère une tête bien faite à une tête bien pleine", il dit qu'il a les livres et qu'il n'a plus besoin de les avoir dans sa mémoire. Il dit que la tête n'est plus pleine et que du coup, elle devient intelligente, elle peut inventer."
Je me souviens de mon grand-père paternel à qui nous avions offert une machine à calculer pour ses 70 ans. Il ne pouvait pas s'empêcher, quand il l'employait, de sortir un calepin et un crayon pour vérifier si c'était juste. Sa confiance dans les machines était réduite. Il faut dire qu'il était né au XIXème siècle. Aujourd'hui nous sommes devenus de grands adeptes des machines qui nous facilitent la vie. Google est devenu l'assistant qui nous dispense de fouiller les bibliothèques pour nos recherches heuristiques et autres indispensables à la rédaction de livres, d'articles, de blogs.

L'angoisse, aujourd'hui, c'est que tous ces services, toute cette histoire du monde rendue accessible, toute cette surinformation rend la mémoire de moins en moins nécessaire et l'intelligence, par contre, de plus en plus indispensable. Dans une société où l'intelligence se mesure en termes de points aux bulletins ou aux tests de QI et au nombre de diplômes, je conçois que cela en fasse flipper plus d'un.

Pour beaucoup de gens, il était bien plus facile et confortable de s'en remettre aux "autorités en la matière" afin de décider de ce qui était bon pour eux. Le notaire, le Maire, le curé, le docteur, le patron. Les détenteurs de pouvoir avaient le savoir. Ceux qui savaient, avaient l'habileté d'en tirer un pouvoir d'influence qu'ils exerçaient avec plaisir. Les autres s'y soumettaient. Ces autorités décidaient donc aussi de qui avait ou n'avait pas d'intelligence.

Mais aujourd'hui, les autorités sont challengées en permanence. Une information contredit l'autre. Ce qui est su n'est plus tu. Le savoir est à la disposition de tout le monde. On ne pourra plus en tirer aussi facilement du pouvoir. Même le pouvoir de la télévision est remis en cause.

Michel Serres souligne dans le même article que les autorités qui occupaient le plein écran ont du, petit à petit, le partager avec les journalistes. Leur impact sur les foules s'en trouvait réduit de moitié. Avec les talk-show, ils partagent maintenant cette moitié d' impact avec 5 ou 6 autres invités. Que leur reste-t-il ? Une concurrence déloyale dans la course au maximum de voix. Nicolas Hulot gagnerait 10% des voix en France alors que la chef de file des verts français ne récolterait que 1 ou 2%. Cette performance de Nicolas Hulot n'est certainement pas attribuable à ses accomplissements en tant que conseiller écologique du Président Chirac. Pour gagner des voix et avoir un mot à dire, l'animateur télé est mieux placé que les gens qu'il reçoit dans son émission.

Les penseurs et les politiques pensent toujours mais marquent de moins en moins les esprits. Et s'ils marquent, ils ont intérêt à bien le faire parce que le net permet à tout le monde de les remettre en question. Bref, que l'on soit du côté de l'émetteur d'une pensée ou du récepteur, nous sommes tous logés à la même enseigne: il nous faut devenir plus intelligent. Dans le sens latin du terme 'intelligere', qui signifie comprendre. L'intelligence c'est avant tout s'efforcer de comprendre. Le réseau et son côté im-media(t) nous impose en plus de comprendre l'émetteur autant que le récepteur. Le monde ne s'en portera pas plus mal.

Ce sera juste un peu plus complexe. Parce que le nombre de penseurs se multipliera et paradoxalement, nous pourrions nous retrouver un peu comme à Athènes, dans une société de plus en plus païenne et polythéiste, animée par de multiples courants de pensées. A cela, il conviendra d'ajouter que le net et la convergence entre réseau, télévisions et téléphonie (le triple-play) donnera définitivement la pré-éminence à l'image. Si l'image accapare toutes les attentions, le spectacle des affrontements entre courants de pensés pourrait vite prendre le dessus sur le fond du débat. Le risque est grand. Il y a déjà des citoyens de ce monde qui enfreigne la loi sous l'objectif de leur GSM pour diffuser ensuite leur audace sur You Tube. Il se donnent en spectacle. C'est tragique. D'autant que depuis la nuit des temps, le spectacle nécessite la tragédie, la vision du déchirement de l'autre. Le surcroît d'intelligence risque d'aller de pair avec un surcroît de connerie et de violences.
Bref, ce ne sera pas facile, demain, mais pas con, s'il vous plaît. S'il faut de l'image, créons et propageons celles qui permettent d'entrevoir un autre mode de relation aux faits, aux gens, à la vie. Nous en avons les moyens.

(c)Patrick Willemarck

09 novembre 2006

Le capitaliste de demain, une chance pour l'Europe

Un journaliste relevait récemment dans mon livre une ligne où je prétendais que la bourse n'était pas l'amie de l'innovation. J'ai pondéré cette suggestion. il va de soi que c'est la bourse qui permet de créer des fonds de " corporate venture " comme le Nokia Blue funds, dont le but est de financer la recherche et l'innovation.

04 novembre 2006

Les jeunes turcs, porteurs d'avenir ?

Selon le dictionnaire culturel d'Alain Rey, "les jeunes turcs" désignaient, au tout début du XXè siècle, les jeunes qui au sein d'un parti politique travaillaient à son évolution. Et s'il en allait de même, aujourd'hui, pour ce grand parti-pris européen ?

La tendance ne semble pas favorable. Ne la laissons pas abonder dans le sens des Le Pen et De Winter de ce monde. Parce que, Turcs ou non, ce dont nous avons besoin ce sont des immigrés et une évolution. Le très sérieux Wall Street Journal indique que la plupart de nos pays souffrent d'un indice synthétique de fertilité inférieur à 2. L'indice fait référence au nombre d'enfants auxquels une femme donne naissance, en moyenne. Or si l'ISF tombe sous les 2.1 , le pays ou la communauté affectés par cette faible performance ne pourront plus remplacer leurs générations qui s'éteignent. Foutu, condamné à disparaître. Faut pas le crier trop fort, cela pourrait donner des idées de règlementation des naissances ou de contrôle de la contraception. Pour le Wall Street Journal, la seule solution c'est l'ouverture à l'immigration. Imaginez la Flandres, Bruxelles et la Wallonie, tous affectés d'un ISF inférieur à 2; nous aurions tous intérêt à ouvrir les frontières. Le repli sur soi n'est pas la solution. Laissons les Wallons repeupler la Flandres, les Flamands repeupler la Wallonie et le surplus à Bruxelles. Et la Belgique aura ce bel avenir que prédisait Leterme sur les antennes de la RTBF. Il sait de quoi il parle, son père est un bon Wallon qui est venu repeupler la Flandres. Et le mien, un bon Flamand qui est venu repeupler Bruxelles. On est fait pour s'entendre. Hélas , ce n'est pas si simple. Le passage de la frontière ne garantira pas une reprise de la fertilité, sauf avec un éventuel incitant fiscal, mais ce n'est pas le moment, il y a d'autres trous à boucher aux ministère des finances.
Il faut aller chercher les immigrés ailleurs. Des jeunes d'une autre culture qui se reproduisent facilement et généreusement. Mais ça, ça fait peur parce qu'ils pourraient bien venir nous voler nos emplois et bien plus, ces immigrés là. C'est ce qui fait peur avec la question turque. Et pourtant, quand Istanbul était Constantinople, capitale de l'empire Romain, les habitants de ces contrées étaient aux premières loges pour réaliser la part prises par les barbares et leur frères, immigrés dans l'Empire depuis plusieurs générations, pour sceller le déclin de l'Empire. C'est pour cela qu'il vaut mieux les intégrer et gèrer cette intégration que les rejetter. L'assimilation européenne vaut mieux que l'intégration ou l'insertion dans tel ou tel pays de la communauté. Tirons les leçons de l'histoire. C'est mon humble avis. Pour ceux que cela intéresse, je vous conseille le livre d'Alessandro Barbero, "Le jour des Barbares". Il est paru chez Flammarion. Il refait l'histoire de la chute de l'empire Romain à cette époque, le IVè siècle, et raconte la sous estimée bataille d'Andrinople. Cela nourrit le cortex, ça ne peut pas faire de mal.
(c) Patrick Willemarck, 5 Novembre 2006

18 octobre 2006

L' "R" de la capitale et "l'i-machination" de Leterme


Les gens de la ville ont imposé le mot "fromage" à nos campagnes.
Jusqu'au XIIe siècle, on parlait de formage. Selon Daniel Brandy, dans ses "motamorphoses", paru chez Points, la forme était un panier en osier dans lequel le lait caillé était mis à l'égouttage. Le résultat de cette opération était le formage alors que le fromage se nommait Caseus. La fourme est le seul nom de fromage à avoir gardé l’authentique "R" à la bonne place. L
es autres ont dû céder à la mode de la ville: le formage est devenu fromage. C'est le "l' R" de la ville qui joue à l'avant de la scène. Comme d'habitude, ils savent s'imposer, ces gens là. Sauf à Monsieur Leterme.

Dans une chronique récente, j'ai fait tout un fromage des allusions de Monsieur Leterme à l'égard des Bruxellois sur les antennes de la première. Il nous donnait des "airs" d'incapacités qui allaient au-delà de la forme. Il nous secouait, au fond. L'homme ne manque pas "d'i-machination" pour manipuler les audiences et arriver à ses fins: au 16 rue de la loi.
L'histoire de mots bien sentis me donne l'occasion d'y revenir. À entendre ce qu'il dit des incapacités bruxelloises, nous pourrions faire bien plus qu'un fromage, nous pourrions invoquer un "caseus belli” . Je sais, il y a un "e" de trop, mais j'ai pris le parti historique du fromage et je me disais que Bruxelles en valait bien un petit même s'il est un tantinet belliqueux. Il pourrait même se poser en alternative à la bonne vieille tarte à la crème. Pourquoi ne pas suggérer à l'oreille de Noël Godin, notre entarteur national, d'envoyer un formage bien coulant (la version originelle du mot reprend tout son sens) au visage du déformeur de statistiques. Ce ne serait pas correct ?

Soit, restons au-dessus de la mêlée et imaginons l'évolution que l'histoire pourrait réserver au nom de famille de Monsieur Leterme. Un "h" pourrait venir s'intercaler s'il optait pour une approche plus saine de la vie. Mais les Chrétiens ont-ils besoin de "thermes" pour se sentir sain ? À force d'élaborer des visions en trafiquant les chiffres qui lui donne un "air" de savoir, il pourrait perdre son "r" que les bruxellois lui feront avaler et devenir un homme de thèmes. Thèmes que t'aimes ou que tu n'aimes pas et qui polariseront ses débats et ses ébats. Le thème" ou "Le t'aime", un drôle de nom pour un premier ministrable ou "mini-stable", si on lui retire "l'r" de compétence qu'il se donne en matière bruxelloise. Ce qualificatif fictif lui convient bien: il y a du très petit dans ce qu'il raconte et je crois qu'il ne doit pas être trop difficile de le déstabiliser.
Mieux vaut en rire. Comme du Gordel dont Kurt Van Eeghem dans sa "Kleine encyclopedie van Belgïe " dit: « Une fois par an, les Flamands viennent massivement ennuyer les habitants des communes bruxelloises de la périphérie, les "randgemeenten". Sous le prétexte d'une fête touristique pour promeneurs et cyclistes, le Flamand veut montrer qu'il est chez lui. Sur les bords des chemins qu'ils arpentent, des Anglais, des Allemands, des Hollandais et d'autres Européens, qui habitent ces communes, les regardent avec étonnement. Le Flamand fait comme le chat, il pisse autour de son territoire. Et les politiciens participent. Même si on ne les voit qu'aux départs, où se trouvent des micros et des caméras. Par-ci, par-là, d'idiots wallons sèment des clous et retournent les panneaux indicateurs." Et il conclut que chaque année le taux d'infarctus augmente, le nombre de participants diminue, la visibilité médiatique aussi, mais, pour les organisateurs, cela reste un bon "gordel": un morceau de folklore. Réduire Leterme, De Winter et les autres flamingants et extrémistes de nos deux côtés de la frontière à du folklore, ce serait sympa, non ?

Ce n'est pas en les attaquant mais en prouvant que le débat n'est pas celui qu'ils évoquent que nous y parviendrons. Les défis à relever ne peuvent supporter des chamailleries linguistiques. La Wallonie, Bruxelles, la Flandre, toute la Belgique doit livrer un combat d'autonomie multiculturelle et économique dans un monde globalement interdépendant. Un monde où la vision et l'imagination primeront sur l'i-machination. Un monde où le politique montre la voie plus que l'ennemi. Un monde où comprendre est plus important qu'être compris ou se faire comprendre. Hélas qui apprend à entendre et comprendre? Personne. Tout le monde apprend à parler (pourvu que ce soit dans la bonne langue) et à marcher. De là à parler mal pour médire et à marcher contre ceci ou pour cela, il n'y a qu'un pas qui se franchit trop souvent mal. Il suffit d'observer les débats politiques. Parler et marcher, deux dimensions indispensables au formage ou formatage de troupes partisanes qui répandront la bonne parole du parti et marcheront contre les dissidents et adversaires. C'est cette prédestination-là qu'il faut combattre, dès l'école. Ensuite attaquons-nous au modèle de communication en cascade des idéologies qui rend le récepteur irresponsable, incapable de réponse, formaté. Un résultat qui n'est pas à mettre à l'honneur de l'émetteur même si ses intentions sont honorables, généreuses et altruistes. Ce qui est le cas, j'imagine, de toutes les directions de partis démocratiques. Mais que de dégâts, en partant de si bonnes intentions.

©Patrick Willemarck

16 octobre 2006

Leterme démagogique

Monsieur Leterme parle bien français. Je l'écoutais ce matin, 16 octobre sur notre bonne Première de la RTBF. Il parle bien, mais il est sans gêne. Bruxelles serait la seule capitale qui coûte à l'état et qui n'enrichit pas la périphérie. On ne peut faire mentir les chiffres. Lui, il y arrive en bon chrétien, "hoer katholiek vlaams". J'imagine la tête de Charles Piqué en entendant cela.

S'il y a des gens qui viennent travailler à Bruxelles et qui rentrent le soir en Flandres ou en Walonie, c'est que le Bruxellois n'est pas adapté aux jobs disponibles dans sa ville. Voilà ce que nous conte ce jeune croisé de la politique démocrate chrétienne perdu en francophonie. C'est évident. Comment n'y avais-je pas penser plus tôt ? Faute de Brux
ellois compétents et faute d'envie de délocaliser, les entreprises bruxelloises recrutent dans les périphéries.

Si les habitants de Knokke et de Lasne font fortune c'est parce qu'ils ont des emplois adaptés. Ces villages sont des sols nourissiers de talents et de grosse galette. Et je ne parle pas de la tarte de Chaumont-Gistoux. Le Bruxellois, n'a-t-il pas la chance de planter ces racines dans un sol aussi riche ou l'idée de prendre une bêche pour planter lui est-elle insupportable ? Monsieur Leterme semble pencher pour la deuxième version. Connaître un Bruxellois qui aurait fait fortune dans le textile ou la brasserie, par exemple, et qui aurait décidé à un moment de sa vie de quitter la ville pour laisser sa famille s'aérer et s'épanouir à la campagne ou à la mer, ce serait possible et plausible mais beaucoup trop rare pour être mentionné. Les jeunes cadres qui cherchent à quitter la ville avec moins de sous et autant d'enfants sont plus nombreux et plus visibles dans nos statistiques, mais ils ont du quitter la ville avant que Leterme ne s'intéresse aux Bruxellois.

Non, il n'y a pas d'exode de la ville vers la campagne. Les habitants d'Overijse, dont les nombreux eurocrates qui y parlent facilement le flamand, travaillent à Bruxelles parce que les Bruxellois ne sont pas capables d'être eurocrates. Le seigneur de la Palisse n'aurait pas désavoué. Les Bruxellois sont intellectuellement sous-développés comme beaucoup de francophones de la périphérie, pourvu qu'ils soient belges. Un eurocrate français qui habiterait Overijse sans parler flamand ne pourrait être remis en cause, il est eurocrate ce qui prouve sa supériorité.

Les cadres de grosses entreprises américaines logées à Bruxelles viennent de Waterloo. Cela doit dater des guerres napoléoniennes, les habitants de Waterloo sont prédestinés aux emplois où la langue anglaise sévit. Pas les "Kikkefretters". Ne rêvons pas à ce qui se serait passé si Napoléon avait gagné.

Monsieur Leterme parle bien français mais il arrive bel et bien à faire dire n'importe quoi aux chiffres arabes qui hantent les statistiques bruxelloises sous la loupe du CD&V. Bruxellois, réveillez-vous ! Délocalisez les entreprises et les institutions qui créent des emplois inadéquats, virez la commission, les ambassades, les multinationales, replantez des choux à la mode de chez vous et laissez revenir les musiciens, les chanteurs et autres artistes de talents qui vous ont quittés faute d'un environnement adéquat.

Abandonnez l'emploi, le bel emploi bien rémunéré par les grandes entreprises et institutions, aux campagnards qui peuplent les belles provinces qui vous encerclent. Culture et agriculture sont les deux mamelles de votre avenir citadin bilingue et multiculturel. Cela peut paraître bizare mais le bon sang belge de monsieur Leterme ne saurait mentir. Vous verrez, vous vous y ferez. Vous serez tellement bien que Monsieur Leterme et ses amis viendront planter une belle clôture autour de Bruxelles et que les famands qui venaient voler vos empois viendront, fortune faite, vous nourrir le Week-end comme les voisins de Louis De Funès et Jean Carmet, dans la soupe aux choux.
Qui sait, l'avenir des bruxellois viendra peut-être de Mars ? Je doute, en tout cas, qu'il vienne de monsieur Leterme qui joue au pur "blanc bleu" belge pour nous faire oublier son côté "peau de vache".
Tout cela est-il bien politiquement chétien ? Et correct, malgré tout ?

(c)Patrick Willemarck 16 octobre 2006






22 avril 2006

Oui, la Belgique marche.

De la marche blanche à celle de Joe, le peuple belge se mobilise alors que ses représentants politiques prennent comme un malin plaisir à le diviser. Un philosophe se demandait, dans les pages du Soir de ce week-end, pourquoi les Belges se rassemblaient autour de cercueils ? Il évoquait ceux de Julie et Melissa, d'Ann et Eefje, de Joe, du roi Baudouin, etc. Il n'avait pas de réponse. Moi non plus. Juste un point de vue.
La Belgique reste un état, en mauvais état certes, mais un état, pas une nation. Pays confiné dans des frontières imposées par l'extérieur, son peuple, au gré du temps, s'est forgé la volonté d'en faire un havre de paix et de démocratie. Ce qui ne lui réussit pas trop mal. Je ne vais pas refaire notre histoire, la mienne me suffit. Né de mère Wallonne et de père flamand, quand j'étudiais à Anvers on me traitait de « fransquillon » et de retour en Wallonie on me traita de « flamin ». Je vous épargne les qualificatifs qui accompagnaient ces étiquettes, ils n'étaient pas propres. Je me sens belge sang pour sang, comme pourrait le chanter Johnny. Sale pour sale, chanteront les extrémistes. Avec des gênes aussi variées et des gènes aussi bilingues, on pourrait me soupçonner de voir mon pays autrement. Admettons. Mais je ne dois pas être le seul à constater que les habitudes et attitudes de vie rapprochent plus les Liègeois des Anversois que des Gantois et qu'il en aille de même pour les Gantois et les Namurois par rapport au Liègeois.

Ce phénomène observable n'est pas sans rappeler une principauté de Liège qui comptait plus de communes flamandes que wallonnes au XVIè siècle. Dans 12 des 22 bonnes villes de la principauté, de Tongres à Saint Trond, on parlait flamand. Cela date d'avant l'imposition de frontières belgo belges.

Aujourd'hui, ces frontières sont là et d'autres se sont érigées pour bien distinguer nos particularismes linguistiques et laisser aux politiques la liberté d'affûter la « langue » comme l'arme la plus redoutable pour maximiser les voix qu'ils récoltent aux élections. Une arme de peu de poids face à une globalisation qui les prive de plus en plus de l'exercice du pouvoir d'influencer le cours des choses.

Sacrée globalisation, que de choses laisse-t-on faire en ton nom. Citons en trois :
- Des biens de consommations de plus en plus sophistiqués, de moins en moins chers et de plus en plus accessibles. C'est une bonne nouvelle.
- De l'exclusion et de la précarité, un autre produit de la globalisation. Un mal auquel accèdent de plus en plus de gens et qui coûte, par contre, de plus en plus cher comme en témoigne la racaille marginalisée qui tue pour s'en emparer.
- Un culte absolu de la liberté de circulation des capitaux, des biens, des citoyens et des idées qui gomme les particularismes et crée la convergence en tout sauf sur la scène du pouvoir politique belge. Encore que.

Un des particularismes belges réside dans l'obligation de vote imposée à ses citoyens dispensés, du coup, d'être motivés. Une obligation qui dispense en même temps le politique de devoir rendre des comptes, absolument. Il se contente d'avoir des militants qui, par effet de cascade d'informations biaisées, motivent de plus en plus de gens dans leur entourage à voter pour lui. La cascade est aussi fiable que le téléphone sans fil. Le premier émetteur biaise l'info qui, de transmetteur en transmetteur, sera toujours reprise, souvent amplifiée et parfois déformée. Et on se retrouve avec 1000 hommes politiques en charge de l'avenir de seulement 1 million de Bruxellois, par exemple. Un rapport indécent qui favorise le morcellement des espaces de volonté commune. Ce système d'intox ou d'info en cascade n'y est pas étranger tant il privilégie la recherche d'homogénéité. La cohésion est à ce prix. Plus un groupe est homogène, plus il se sert les coudes. Ce gain de cohésion isole le groupe des influences externes. Il y a le groupe et les dissidents.

En Belgique le système a atteint un paroxysme : nos gouvernements prennent de plus en plus l'apparence de rassemblements de dissidents qui partagent peu sinon des goûts et des couleurs : goûts de pouvoirs et couleurs politiques métissées qui vont du violet à l'olivier. Insensé ? Surréaliste ? Typiquement belge. Extrêmement démocratique. Pas toujours pratique pour décider. Le Belge s’en satisfait.

Et pour cause. La majorité des Belges jouit encore de ce qui n'est qu'un rêve pour nombre de citoyens de ce monde : une position payée, stable et protégée qui n'exige pas trop d'ardeur au travail et qui dure, parfois encore, toute une vie. Le tout dans un pays indéniablement démocratique et accueillant. Cela ne durera pas, nous le savons. Nous faisons la sourde oreille dans l’espoir de pouvoir jouer les prolongations.

Cette situation est bien différente du pays des chantres de la globalisation que sont les Etats-Unis où chacun a du se construire à la force du poignet, où rien n'est jamais acquis, où se battre pour un rêve, fut-il américain, est devenu une habitude bien ancrée, un « way of life » qui se transmet de génération en génération. Là-bas, tout le monde se bat pour sa propre autonomie quitte à exclure le voisin. En Europe, on compte sur l'autre. On valorise l'interdépendance. Et c'est magnifique.

Les Indiens et les Chinois l'avouent, le modèle européen les inspire bien plus que le modèle américain parce qu'ils savent que tout est interdépendant. Les Belges l'ont su et en ont tiré les conclusions adéquates bien avant les autres. Puissent Leterme et consorts s'en souvenir. Parce que les belges ne les laisseront pas enterrer la Belgique. La marche de Joe en témoigne. Vous n'êtes pas les bienvenus, Messieurs les politiques. Cessez vos joutes oratoires, écoutez et rejoignez la Belgique qui marche quand l'inacceptable la touche. Parce qu’il y a des choses auxquelles le Belge ne peut prêter une sourde oreille.

La Belgique est née précaire mais s'est épanouïe. Pays soumis à de multiples influences par nature, son sol est devenu nourricier d'une culture ouverte à l'altérité, au respect et à l'accomplissement. Et la Belgique marchera contre tout ce qui menace ces valeurs. Elle veut les préserver et aspire au retour des leaders politique. Ceux qui montrent la voie au lieu de monter le ton. Ils se font rares, hélas.

Quand dans un petit pays comme celui-ci, un enfant meurt, il y a des belges qui se lèvent dignement pour dire que cela doit cesser. La mort d'un enfant, c'est une promesse d'avenir non tenue par la société. Les Belges se mobilisent quand un cercueil vient rappeler la beauté de leur valeurs et le peu d'attention accordée à leur précarité. Le sang belge ne fait qu'un tour dans tous les groupes linguistiques, ethniques et sanguins quand on bafoue une de ses valeurs.

La Belgique marche parce qu'elle ne marche plus très bien et qu'il faut régler cela, courageusement. Sans oublier que la multiculturalité est sans doute notre matière première la plus précieuse.

©Patrick Willemarck, le 22 avril 2006.

21 avril 2006

Voyage dans le patrimoine global

Voici un autre livre que je vous conseille. Il est d'Erik Orsenna et est publié chez Fayard. Au travers de l'histoire du coton l'auteur nous invite à retourner nos lunettes pour voir la globalisation d'un autre oeil. L'histoire du coton ne s'est pas écrite sans heurt. Mais le coton vêt encore 40% de la population mondiale. C'est un patrimoine. Et, à une époque où tout le monde parle de développement durable, ce livre rappelle à juste titre que la pérennité passe par la transmission de patrimoine, l'échange, le respect. Le mot grec "scholé" est à l'origine du mot école. Pourtant il signifiait "temps libre". Si vous avez un peu de temps libre, ce qu'Orsenna nous apprend vaut le détour. Ne serait-ce que cette petite phrase :
"Voyager, c’est glaner.
Une fois revenu, on ouvre son panier. Et ne pas s’inquiéter s’il paraît vide. La plupart des glanures ne sont pas visibles : ce sont des mécomptes ou des émerveillements, des parfums, des musiques, des visages, des paysages.
Et des histoires. La longue, si longue et si belle route du coton n’en fut pas avare. Sur cinq continents (en comptant pour deux le Nord et le Sud de la même Amérique), de Koutiala (Mali) à Lubbock (Texas), en passant par Alexandrie (Égypte), Cuiaba (Mato Grosso), Boukhara (Ouzbékistan), Lépange-sur-Vologne (France) et Datang (Chine, province du Zhejiang), la fibre douce a livré bien des secrets".

16 avril 2006

Give direct. Change the world


En cliquant sur le titre de ce message vous découvrirez une belle initiative sur le web. Elle met l'économie de marché au services de vrais projets à travers le monde que vous pouvez choisir. Et plus si affinités. Des enseignants s'étaient rendus compte en Afrique, dans une école, que les jeunes filles quittaient l'école vers 12 ou 13 ans. Attentifs et à l'écoute, ils ont réalisé que c'était à cause des toilettes. Devenues pubères, il y a des choses qu'elles voulaient vivre dans une certaine intimité. En une semaine, ce site a récolté 5000$ pour construire un nouveau bloc sanitaire et les enfants ont repris les cours. Un exemple parmi des milliers.

Welcome on Patrick Willemarck's blog

I'm the founder of Dialog Solutions.
On this blog I want to share views and opinions about business and more specifically about Brands, Consumers, Marketing, market research, innovation, loyalty, etc., all those business aspects that are deeply affected by social media.
Every company shouldn't be present on every social media network. but every company is becoming porous to the outside world and has therefore to become both social and media.

Patrick