18 octobre 2006

L' "R" de la capitale et "l'i-machination" de Leterme


Les gens de la ville ont imposé le mot "fromage" à nos campagnes.
Jusqu'au XIIe siècle, on parlait de formage. Selon Daniel Brandy, dans ses "motamorphoses", paru chez Points, la forme était un panier en osier dans lequel le lait caillé était mis à l'égouttage. Le résultat de cette opération était le formage alors que le fromage se nommait Caseus. La fourme est le seul nom de fromage à avoir gardé l’authentique "R" à la bonne place. L
es autres ont dû céder à la mode de la ville: le formage est devenu fromage. C'est le "l' R" de la ville qui joue à l'avant de la scène. Comme d'habitude, ils savent s'imposer, ces gens là. Sauf à Monsieur Leterme.

Dans une chronique récente, j'ai fait tout un fromage des allusions de Monsieur Leterme à l'égard des Bruxellois sur les antennes de la première. Il nous donnait des "airs" d'incapacités qui allaient au-delà de la forme. Il nous secouait, au fond. L'homme ne manque pas "d'i-machination" pour manipuler les audiences et arriver à ses fins: au 16 rue de la loi.
L'histoire de mots bien sentis me donne l'occasion d'y revenir. À entendre ce qu'il dit des incapacités bruxelloises, nous pourrions faire bien plus qu'un fromage, nous pourrions invoquer un "caseus belli” . Je sais, il y a un "e" de trop, mais j'ai pris le parti historique du fromage et je me disais que Bruxelles en valait bien un petit même s'il est un tantinet belliqueux. Il pourrait même se poser en alternative à la bonne vieille tarte à la crème. Pourquoi ne pas suggérer à l'oreille de Noël Godin, notre entarteur national, d'envoyer un formage bien coulant (la version originelle du mot reprend tout son sens) au visage du déformeur de statistiques. Ce ne serait pas correct ?

Soit, restons au-dessus de la mêlée et imaginons l'évolution que l'histoire pourrait réserver au nom de famille de Monsieur Leterme. Un "h" pourrait venir s'intercaler s'il optait pour une approche plus saine de la vie. Mais les Chrétiens ont-ils besoin de "thermes" pour se sentir sain ? À force d'élaborer des visions en trafiquant les chiffres qui lui donne un "air" de savoir, il pourrait perdre son "r" que les bruxellois lui feront avaler et devenir un homme de thèmes. Thèmes que t'aimes ou que tu n'aimes pas et qui polariseront ses débats et ses ébats. Le thème" ou "Le t'aime", un drôle de nom pour un premier ministrable ou "mini-stable", si on lui retire "l'r" de compétence qu'il se donne en matière bruxelloise. Ce qualificatif fictif lui convient bien: il y a du très petit dans ce qu'il raconte et je crois qu'il ne doit pas être trop difficile de le déstabiliser.
Mieux vaut en rire. Comme du Gordel dont Kurt Van Eeghem dans sa "Kleine encyclopedie van Belgïe " dit: « Une fois par an, les Flamands viennent massivement ennuyer les habitants des communes bruxelloises de la périphérie, les "randgemeenten". Sous le prétexte d'une fête touristique pour promeneurs et cyclistes, le Flamand veut montrer qu'il est chez lui. Sur les bords des chemins qu'ils arpentent, des Anglais, des Allemands, des Hollandais et d'autres Européens, qui habitent ces communes, les regardent avec étonnement. Le Flamand fait comme le chat, il pisse autour de son territoire. Et les politiciens participent. Même si on ne les voit qu'aux départs, où se trouvent des micros et des caméras. Par-ci, par-là, d'idiots wallons sèment des clous et retournent les panneaux indicateurs." Et il conclut que chaque année le taux d'infarctus augmente, le nombre de participants diminue, la visibilité médiatique aussi, mais, pour les organisateurs, cela reste un bon "gordel": un morceau de folklore. Réduire Leterme, De Winter et les autres flamingants et extrémistes de nos deux côtés de la frontière à du folklore, ce serait sympa, non ?

Ce n'est pas en les attaquant mais en prouvant que le débat n'est pas celui qu'ils évoquent que nous y parviendrons. Les défis à relever ne peuvent supporter des chamailleries linguistiques. La Wallonie, Bruxelles, la Flandre, toute la Belgique doit livrer un combat d'autonomie multiculturelle et économique dans un monde globalement interdépendant. Un monde où la vision et l'imagination primeront sur l'i-machination. Un monde où le politique montre la voie plus que l'ennemi. Un monde où comprendre est plus important qu'être compris ou se faire comprendre. Hélas qui apprend à entendre et comprendre? Personne. Tout le monde apprend à parler (pourvu que ce soit dans la bonne langue) et à marcher. De là à parler mal pour médire et à marcher contre ceci ou pour cela, il n'y a qu'un pas qui se franchit trop souvent mal. Il suffit d'observer les débats politiques. Parler et marcher, deux dimensions indispensables au formage ou formatage de troupes partisanes qui répandront la bonne parole du parti et marcheront contre les dissidents et adversaires. C'est cette prédestination-là qu'il faut combattre, dès l'école. Ensuite attaquons-nous au modèle de communication en cascade des idéologies qui rend le récepteur irresponsable, incapable de réponse, formaté. Un résultat qui n'est pas à mettre à l'honneur de l'émetteur même si ses intentions sont honorables, généreuses et altruistes. Ce qui est le cas, j'imagine, de toutes les directions de partis démocratiques. Mais que de dégâts, en partant de si bonnes intentions.

©Patrick Willemarck

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