01 mai 2007

Traité de savoir survivre.

C'est le titre d'un très beau livre écrit par Philippe Val, le directeur de Charlie Hebdo. Un livre qui invite à la réflexion dans un style accessible et agréable à lire. Pour vous mettre l'eau à la bouche, laissez-moi vous raconter l'histoire de ce nazi qui dans un camp de concentratiion demande à des juifs appelés à être tués le jour-même de saisir leurs violons et de lui jouer un air de Schubert. Les musiciens y mettent toute leur âme avec une faible espoir d'éviter le pire si la musique plait à leur bourreau. Le bourreau fond. Les notes si finement jouées lui arrachent des larmes aux yeux. Le morceau fini, il sèche ses yeux et envoit les juifs à la chambre à gaz. Comment est-ce possible? Faut-il être inhumain pour agir ainsi ? Comment peut-on être si sensible à la musique et si insensible humainement ? Philippe Val suggère qu'il y a dans l'amour de la musique quelque chose du coït ancestral. C'est viscéral, animal. On veut s'épancher, se faire plaisir. Le nazi jouit du moment. Après, il remonte son pantalon. C'était bon. C'est tout. Philippe Val en conclut qu'on ne peut pas se contenter d'aimer la musique. Il faut aimer "aimer la musique". Notre Nazi aurait du aimer "aimer Schubert" et voir dans ces interprètes d'un instant des agents du grand musicien qu'ils aimaient en partage. D'où l'importance de l'éducation à l'art, à la philosophie, à l'altérité. Un très beau livre qui aide à faire la part entre les lois de la nature et celles de la culture.
Dans un roman de l'allemand Danile Khelmann, Le prince des mathématiciens, Gauss, évoque la tyranie de ces lois de la nature qu'étudie Philippe Val.
Gauss
par l'intermédiare de ce romancier dit "qu'on croyait toujours être maître de sa destinée. On créait et on découvrait des choses, on achetait des biens, on trouvait des gens qu'on aimait plus que sa propre vie, on engendrait des enfants, peut-être intelligents, peut-être idiots, on voyait mourrir la personne qu'on aimait, on devenait vieux et stupide, on tombait malade et on finissait sous terre. On pensait avoir tout décidé soi-même. Seules les mathématiques nous montraient qu'on avait toujours suivi le mouvement. Le despotisme quand j'entends cela. Les princes, eux ausi, n'étaient que des pauvres bougres qui vivaient, souffraient et mourraient comme les autres. Les vrais tyrans étaient les lois de la nature."
Gauss n'en n'a pas moins arpenter le monde comme le suggère le titre de ce merveilleux roman que je vous conseille aussi: Daniel Kehlmann, Les arpenteurs du monde, chez Acte Sud. L'autre arpenteur est Humboldt.
Tout cela invite à la philosophie dans le sens où l'exprime Michel Onfray dans un de ses derniers livres, "La puissance d'exister". "Philosopher", écrit-il,"c'est rendre viable et vivable sa propre existence là où rien n'est donné et tout reste à construire." Il y plaide pour un monde dénué de transcendance où nous n'avons de compte à rendre qu'à nos semblables. Un monde où la morale se résume en un impératif hédoniste, une immanence du plaisir qui invite à jouir et faire jouir sans faire de mal ni à soi ni à personne. "Voilà toute morale".

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