09 janvier 2006

Un peu d'histoire, un peu de science, un peu de bon sens


Les Chinois, les Arabes et les Grecs se sont attachés à comprendre voire à maîtriser les phénomènes naturels. Mais, de tous les découvreurs, les Grecs semblent avoir été les plus forts parce qu’ils ont assimilé les découvertes des autres. Ils ont rassemblé des connaissances éparpillées en un tout cohérent. Cette vocation de la synthèse est clairement l’apport des Grecs.


Et que faisaient les Chinois pendant ce temps-là? Il semble que la Chine ait été longtemps fort en avance sur l’Occident tant au niveau des sciences que de la technologie. Mais, signale Claude Allègre dans son merveilleux Dictionnaire amoureux de la Science, "à partir du VIe siècle, les empereurs chinois ont entrepris de structurer le pays, en fait de le bureaucratiser, et ils vont arrêter ainsi l’élan de la science Chinoise." Ils ont créé des instituts de recherches qui avaient pour vocation de développer des applications tirées des découvertes faites. Ce faisant la Chine renonçait à chercher. Confucius aurait dit que "la société est plus importante que le cosmos." Ce n’est pas le moment d’en juger. Aujourd’hui elle s’intéresse à tout, même au Cosmos. Mais revenons à l’époque de Confucius. La conséquence de la politique scientifique des empereurs fut fatale au développement de la science chinoise. La morale de l’histoire c’est que la science utilitaire tue la science. Et la Chine perdit son leadership scientifique.

Ce qui s’est passé en Chine se passera à Rome également.

Les Romains étaient des organisateurs, des contrôleurs. Régler, organiser, orchestrer. L’armée, l’agriculture, les conquêtes territoriales et les transports. Autant de secteurs qui connaîtront de gros progrès, de grosses améliorations. Parce que c’est là-dessus que les Romains se focalisent : améliorer la technique. Ils admiraient la sagesse des Grecs et l’enseignaient. Mais ils ne feront rien pour développer la science ou la philosophie. Rome laissera derrière elle un champ de ruines scientifiques. "Oui, je sais, il y a Lucrèce, ses intuitions en mécanique des fluides et sa première approche du rationalisme. Soit, mais au total, un homme seul, c’est peu, pour la science romaine," s'exclame encore Claude Allègre.
Bref, encore un perdant historique dans la course à la science et la connaissance.

Sans les Arabes, l’apport des Grecs eut été perdu. Mais la science arabe disparaîtra pour les mêmes raisons que la grecque avec cette fois les Turcs dans le rôle des Romains. Eux aussi voulaient comme les Romains et les empereurs chinois: contrôler, organiser, appliquer ce que l’on sait. En deux siècles, ils liquideront la science arabe.

Ce grand raccourci de l’histoire des sciences m’inspire plusieurs réflexions.
La première c’est que l’application et l’exploitation des découvertes scientifiques est indispensable au progrès des sociétés dans lesquelles nous vivons. Par contre, dès que tout se focalise sur l’application et qu’on oublie de chercher dans l’inconnu, qu’on relègue la recherche fondamentale, l’innovation stagne.

Et j’ai la faiblesse de croire que ce qui est vrai pour les civilisations est vrai pour les entreprises. En plus, l’histoire des sciences prouve que les découvertes techniques, celles qui sont de nature à révolutionner une industrie ou une société sont souvent les conséquences d’une recherche fondamentale qui poursuivait un autre but. C’est en partant des découvertes fondamentales de Faraday sur l’électricité que Thomas Edison a inventé l’ampoule électrique. Pas en recevant la mission d’étudier les bougies et les becs de gaz des lampadaires pour trouver une alternative avec une valeur d’usage supérieure. Bref, sans recherche fondamentale il n’y a pas de progrès possible. C’est en faisant de la recherche de base que Google est né. Et chez nous, dans nos départements marketing, c’est quel type de recherche qui permettra de trouver l’idée qui rend une entreprise plus durable qu’une autre? Croit-on vraiment que c’est en permettant à tout le monde suivre les mêmes cours qu’on fera avancer le schmilblik?

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