21 octobre 2005

L'art et l'entreprise

Toutes les entreprises, grosses ou petites, locales ou multinationales savent que ce n’est pas avec les recettes du passé qu’elles vont assurer leur avenir. Toutes savent que l’innovation est prioritaire. Les taux monétaires qui varient, l’Europe des 25, la géopolitique, le prix des matières premières, tout, ces 12 derniers mois, participe à la création d’un cocktail d’incertitudes qui pourrait bien devenir explosif. Et cela ne fait que s’ajouter aux incertitudes des marchés dans lesquels les entreprises se battent avec acharnement parce que le concurrent, le fournisseur et le distributeur de demain ne seront plus ceux d’hier.
Ce n’est pas drôle. C’est interpellant. Mais ce n’est pas tout. Il est un belge, artiste de surcroît, qui s’est mis à la tête d’un groupe de chercheurs et d’ingénieurs sur un projet scientifique. Curieux mélange. Imaginez qu’ un artiste prenne la tête d’un département d’ingénierie. Au-delà de l’originalité, on se demande comment vendre cela au patron ou à l’actionnaire ? On se demande, surtout, ce que cela pourrait bien produire. Dans le cas qui nous occupe, le produit final est une machine qui se compose de six bocaux reliés par des tuyaux et animés par de pompes, qui tourne 24h sur 24. Des aliments transitent par ces bocaux et y subissent les transformations dues aux enzymes et bactéries injectées. Le tout est monitoré par un programme informatique précis afin de reproduire le cycle de la digestion depuis la mastication jusqu’à la déjection. La machine tourne en permanence. Ce qu’elle produit est emballé et vendu. L’artiste se nomme Wim Delvoye. L’œuvre se nomme Cloaca. Elle s’est exposée au musée Migros, une chaîne de supermarchés Suisse qui vend de tout dans ses magasins, sauf ce que Cloaca produit.

Migros a son musée, comme de nombreuses autres entreprises. D’autres en sponsorisent ou ont leur propre collection d’œuvres d’art. En cela, elles prouvent leur attachement à la création, à l’innovation. Mais cet attachement se trouve marginalisé. On le place en dehors de l’entreprise. On invite bien sûr des clients , des prospects et des journalistes aux vernissages. Une façon de renforcer les liens avec eux et de faire parler de l’entreprise. Mais tout cela reste en marge de ce que l’entreprise produit. Est-ce parce que ce qu’elle produit n’est pas intéressant ou mobilisateur ? On ne parlera pas des raisons fiscales ou financières qui pourraient intervenir dans le processus. Considérons cela comme marginal. Retenons que c’est un exemple d’attrait d’une entreprise pour l’innovation qui se trouve marginalisé dans l’entreprise.

Parallèlement à cela, même si le phénomène est plus récent, certaines entreprises comme Nokia créent des fonds qui vont permettre de financer des start-ups qui génèreront des projets , des inventions, des innovations que l’entreprise ne génère plus en son sein. Bref, voilà un autre exemple d’innovation marginalisée dans l’entreprise.

Je me demande si une des clés pour réussir à l’avenir ne consisterait pas à mêler artistes et ingénieurs, rigueur et liberté ? L’art peut-il sauver les entreprises ? Je crois que l’art du questionnement le peut.
On en reparlera.

©Patrick Willemarck ,21 octobre 2005 pour Media Marketing

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