28 mai 2005

Le hiving ou comment créer des tendances

Une vie de ruche.

Non ce n’est pas une faute de frappe. La richesse passe par la ruche. La vôtre et celle de tous ceux qui profiteront du Hiving.
Le Hiving semble être la tendance à la mode outre atlantique. Chic. La première fois qu’on m’en a parlé j’ai du paraître idiot, je ne comprenais même pas le mot. Heureusement le Harrap’s shorter n’était pas loin. Ensuite il me restait à me ruer sur Google.

Etonnant. Dans les revues économiques, comme l’expansion, « le Hiving vient de l’anglais essaimer et serait la nouvelle tendance du management qui consiste à créer des liens profonds entre les salariés pour transformer l’entreprise en une ruche où chacun œuvre pour le bien collectif. » Et comme dans une ruche, l’individu pourra partir butiner. Et en butinant il passera forcément par la maison et celle de ses collègues. Du coup le hiving devient plus qu’une technique de management. Il devient un style de vie pour la classe laborieuse.

Le cabinet Yankelovitch qui a lancé cette nouvelle tendance en lui donnant son nom ne s’y trompait pas. Ils ont trouvé le nom qui fera concurrence au cocooning de la concurrente Faith Popcorn. Le Coconing est mort vive le Hiving. Et si tout cela n’était que l’expression des guerillas marketing des cabinets d’analyse de tendances ? Et le mot « Hiving » est une belle marque.

Du coup, les architectes s’en mêlent aussi. Parce que le foyer est au cœur de ce hiving. La mobilité pose problème, le téléworking amène le bureau à la maison. La maison doit donc s’ouvrir. D’autant que celui qui l’habite est de plus en plus isolé, divorcé, décomposé ou recomposé. Ce qui l’amène à expérimenter à quel point nous devenons interdépendants et à quel point la maison doit s’adapter. Elle doit être grande quand les enfants sont là et plus petite quand c’est l’autre qui a la garde. Elle doit permettre dans les deux cas d’être un lieu de réception, un lieu de repli, un lieu de travail et une cour de récréation. Les chambres et les salles d’eaux vont se réduire, les pièces communes vont s’aggarndir. Et si c’était la mentalité loft qui rentrait dans nos maisons.

Pour l’architecte le hive « is a home designed to open out and facilitate connection . » Est-ce en opposition au cocooning ? Non. Mais quand le foyer devient un lieu de travail, il doit évoluer. Ce qui n’empêchera pas de retrouver dans ces foyers le fauteuil « Ball » du designer finlandais Eero Arnio : une boule dans laquelle on peut se réfugier. Son pied pivotant permet encore le repli sur soi. Nicolas Cage vient d’en acheter deux à 4 200€ pièce. Pas mal pour un fauteuil inventé en 1963. A lépoque, Grace de Monaco, Bing Crosby et Sammy Davis Jr en avait voulue une sur le champ. Bien avant le cocooning et le hiving. Pour les intéressés, des modèles plus accessibles se retrouvent dans les catalogues Habita, Ikea et Conran Shop.

Ajoutez à tout cela les développements technologiques et le Hiving devient incontournable.
« Les bureaux et les portes, les télévisions et les téléphones, les voitures et les trains, les lunettes et les chaussures, même les chemises que l’on porte, tous ses objets inanimés sont en train de se transformer en systémes adaptables, réactifs et interactifs », écrit Alex Pentland du Massachussets Institure of Technology. La maison est en train de devenir tellement intelligente qu’elle pourrait faire passer un de ses habitant pour moins intelligent qu’il n'y parait. La maison intelligente crée du stress. Ce qui accroitra la demande de coaching, ne serait-ce que pour pouvoir faire face, sans la perdre. Et le coaching se fera à la maison, virtuellement ou non. Encore un effet du hiving.

J’exagère bien sûr. Mais si vous tombez sur le Wall-Paper du mois de mai, allez à la page 161 et découvrez la maison de Microsoft. Microsoft domine déjà le marché des entreprises, il entend dominer le foyer. Et cette maison démontre toutes leurs ambitions et leurs capacités. Le miroir vous aidera à assortir vos vêtements, le PC servira de baby-sitter, le frigo établira la liste de vos prochaines courses, le micro-ondes adaptera temps et puissance en fonction du plat introduit et vos invitations à des soirées organisées à la maison partiront tout en réservant les taxis nécessaires. Et si vous n’êtes pas chez vous, un visiteur laissera un message sur l’écran à de la porte d’entrée qui sera transmis automatiquement sur votre GSM. Une vraie ruche. On aurait pu la nommer « gates’ house » : la maison de Gates ou la « maison porte »(porte ouverte s’entend).

On finirait par croire que Microsoft a fait visiter sa maison aux chercheurs de Yankelovitch. Et si c’était ainsi que se créent les tendances ?

©Patrick willemarck pour Blister 22 mai 2005

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