10 décembre 2006

Les visions convergentes de Maurice Levy et Stephen Covey

La même semaine, Bruxelles accueillait deux personnages très influents. Maurice Levy était l’invité des grandes rencontres de la BMMA, tandis que Stephen Covey donnait, pour la première fois, un Master Class en Belgique. Maurice Lévy est le président du Groupe Publicis et Stephen Covey, l’auteur du livre de management "Les 7 habitudes de ceux qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent". L’histoire ne dit pas si Maurice Levy a suivi la formation de Covey avant de réussir tout ce qu’il a entrepris. Une réussite peu banale quand on pense à la blague qui inventoriait, dans les années 80, l’apport des grandes nations à la publicité: "Les Américains ont apporté la science; les Anglais, la créativité et les Français, la merde." Maurice Lévy s’est contenté de démentir dans les faits. Il est le seul CEO du top 5 mondial à avoir siégé dans des jurys créatifs tout en englobant une des enseignes américaines les plus créatives et une des enseignes anglaises les plus célèbres. La réussite de Stephen Covey ne laisse rien à désirer. 50 ans de mariage, 9 enfants et 44 petits enfants lui ont laissé le temps d’écrire un ouvrage qui s’est vendu à plus de 15 millions d’exemplaires, dans 32 langues et 75 pays. Le magazine Time l’a nommé parmi les 25 personnes les plus influentes de ce siècle. 75% des entreprises du top 500 de Fortune ont fait appel à ses services. Outre l’influence qu’exercent ces deux hommes dans le monde, ils n’ont pas grand chose en commun. L’un est Américain, mormon, gourou, auteur de best-sellers et âgé de 75 ans. L’autre est français, juif, plus jeune et l’auteur du développement mondial d’un groupe de communication français qui, après Duval Guillaume, s’intéresse plus à Interpublic qu’à LG&F, malgré la rumeur. L’un confesse que quelqu’un qui parle deux langues est bilingue et que quelqu’un qui n’en parle qu’une est Américain. L’autre a bien compris la une du Sun qui titrait "Saatchi goes froggy" quand il avait racheté ce fleuron de la pub britannique. Au cœur de ces deux réussites, on trouve l’amour de la communication et de l’ouverture dans un monde chamboulé par ce que Stephen Covey appelle le passage de l’ère industrielle à l’ère de la connaissance. A la BMMA, Maurice Lévy soulignait, en effet, l’impact de cette transition: "Nos clients, les entreprises et nous-mêmes devrons prendre en compte, avec un soin toujours plus minutieux, que consommer est un mot dont le sens et la valeur varient selon les individus. Ce sera progressivement l’un des aspects les plus importants, et aussi les plus enthousiasmants de notre métier, puisqu’il s’agit tout simplement de comprendre et de connaître l’autre. Notre rôle va donc être de s’adapter au génie de chacun, de chaque culture, et aux habitudes, aux exigences, aux traditions de chacun des peuples et des individus. Vous me direz qu’il n’y a pas là grand-chose de neuf… et pourtant si! Deux changements essentiels: la société de consommation sur laquelle s’est bâtie la société de la communication est en profond bouleversement, il faut vendre juste et non juste vendre, et d’autre part la rapidité et l’intensité avec laquelle les différences se feront." Et Stephen Covey préconise une habitude essentielle qui consiste à essayer de comprendre au lieu de toujours vouloir être compris. Essayer de comprendre, penser Win-Win et créer des synergies sont trois habitudes qui, dans un monde interdépendant et participatif, font des miracles selon Covey. Maurice Levy n’en pense pas moins quand il évoque, dans sa conclusion, ce qu’impose le monde paradoxal où nous vivons: "Ce nouveau monde nous amène à anticiper les futures interfaces ou futures fonctionnalités. J’utilise volontairement le vocabulaire issu de l’informatique parce que le monde ouvert dans lequel nous vivons implique que chaque élément que nous y apportons, que chacune de nos contributions, quelles que soient sa forme ou sa dimension pourra faire l’objet demain, après-demain, de nouveaux usages différents, inattendus, qui ne viendront pas de nous mais des autres. En un mot, ne perdons jamais de vue que tout ce que nous faisons, voire ce que nous sommes, est un maillon d’une chaîne immense. Cela nous oblige à garder un peu d’humilité, ce qui entre nous ne peut que nous faire un peu de bien!" Ces quelques mots résument les plus gros défis des patrons de demain. Stephen Covey y colle même des chiffres: il n’y a que 19% des employés de multinationales qui s’avouent passionnés par leur boulot. Les 81 autres aimeraient bien, mais ils n’ont simplement pas la moindre idée de ce qui lie leur job à celui de leur collègue... Ils ne sont pas impliqués. Il n’y aurait que 15% des employés qui identifieraient clairement les objectifs de l’entreprise où ils bossent. Voilà qui n’est pas de nature à renforcer les maillons de la chaîne. Allez, bonne chance.

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